jeudi, 21 novembre 2024

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Le Ministre des Affaires Etrangères, de la Coopération, de l’Intégration Africaine et des Nigériens à l’Extérieur S.E.M KALLA ANKOURAO, président du Conseil des Ministres de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) conduit une mission de "médiation" de l’institution sous régionale à Bamako.

 Cette mission qui séjourne dans la capitaledu Mali depuis le jeudi 18 juin 2020 est dépêchée par le Président en exercice de la CEDEAO S.E.M ISSOUFOU MAHAMADOU en vue de rapprocher les points de vue du président Ibrahim Boubacar Keïta et l’opposition qui exige sa démission.

La mission se composait, outre S.E Kalla ANKOURAO, de Leurs Excellences MM Ally COULIBALY, Geoffrey ONYEAMA respectivement Ministre des AffairesEtrangères de la République de Côte d’Ivoire et de la République Fédérale du Nigéria ; de S.E.M Jean Claude Kassi BROU, président de la Commission de la CEDEAO et le Commissaire Affaires Politiques, Paix et Sécurité de la Commission M. Francis BEHANZIN.

« En tant que président en exercice de la CEDEAO, le président Issoufou (Mahamadou, ndlr) nous a chargés de nous rendre au Mali pour une médiation. Il y a l’opposition qui menace de faire une grande manifestation demain (vendredi, ndlr) pour exiger le départ du président actuel Ibrahim Boubacar Keïta qui était élu constitutionnellement il y a à peine deux ans », a déclaré à la presse nigérienne le ministre des affaires étrangères nigérian S.E Geoffrey Onyeama, au sortir d’une rencontre jeudi avec le président Issoufou Mahamadou, président en exercice de la CEDEAO.

Arrivée dans la matinée du 18 juin, la délégation de la CEDEA O s’est entretenue avec le Premier Ministre de la République du Mali S.E.M Boubou CISSE. Au cours de cette rencontre le Chef de la délégation S.E.M Kalla ANKOURAO a indiqué qu’ils sont en quête d’ « éclairages » qui puissent leur « permettre de jouer les bons offices » au vu du « regain de tension depuis la marche du 5 juin » car « le peuple malien a besoin de la paix et de la quiétude (…) les voisins du Mali en ont besoin ».

En réaction le Premier Ministre Boubou CISSE a fait la genèse de ce qui est désigné comme la crise politique malienne depuis la réélection du président IBK et les accords subséquents ayant consacré la signature d’un accord dit politique de gouvernance. Cet accord était le cahier de charge du gouvernement de large ouverture qui a été mis en place. Il a également rappelé leur disponibilité à discuter pour trouver une « solution » qui « peut politique » « mais elle doit se faire dans le respect de l’institution Président de la République ».

Ensuite, la délégation a rejoint son hôtel où les diplomates de la CEDEAO ont ouvert leur série d’entretiens avec le M5 RFP, mouvement politique né après la manifestation du vendredi 5 juin, regroupant des associations religieuses et des partis politiques de l’opposition, sous la conduite de l’imam Mahmoud Dicko. Ces derniers ont formé une délégation de 5 membres composée des ténors du mouvement.

Une heure durant, négociateurs et opposants politiques ont passé au crible la situation. Les uns ont cherché à mieux comprendre les doléances et revendications pendant que les seconds ont essayé de convaincre du bien-fondé de leur révolte.

« La CEDEAO n’est pas là en juge mais elle s’évertue à mieux comprendre pour trouver une solution politique », a expliqué à sa sortie, un observateur qui assisté aux échanges.

Les médiateurs sous régionaux ont entendu l’imam Dicko, figure emblématique de la contestation. « Les membres de la délégation de la CEDEAO sont venus nous écouter, nous demander les raisons qui nous motivent à demander la démission du président de la République ils veulent savoir su cela va aggraver la situation du pays. Nous avons argumenté avec ces documents que nous leur avons remis. Ils disent qu’ils ont pris bonne note de tout ce que nous leur avons dit. Notre démarche n’est pas contre IBK mais contre son régime », a déclaré, Issa Kaou Djim, le porte-parole de l’iman Mahmoud Dicko.

La délégation régionale s’est ensuite entretenue avec la majorité présidentielle. Bouclant la série de rencontres avec les acteurs maliens, la délégation de la CEDEAO a eu de longs échanges avec les membres du cadre d’actions, de médiation et de veille des confessions religieuses et organisations de la société civile.

La journée du jeudi s’est achevée sur une rencontre avec le Président de la République du Mali S.E.M Ibrahim Boubacar KEITA.

« Nous n'avons encore rien tiré comme conclusion. Nous sommes en train d'écouter toutes les parties et nous prenons le temps qu'il faut pour comprendre les problèmes qui ont contribué à la crispation de la situation », a confié à la presse le chef de la diplomatie nigérienne au sortir de leur audience avec le Président IBK.

« Nous allons ensuite procéder à un débriefing pour tirer les enseignements et revenir vers les parties avec des propositions qui vont tenir compte des recommandations du président de la République du Mali comme des suggestions des uns et des autres », a-t-il ajouté.

Le diplomate nigérien s'est déclaré optimiste pour une issue heureuse de la médiation de la CEDEAO, en disant qu'« à chaque fois que les gens acceptent de s'asseoir pour se parler, il y a toujours espoir de trouver des solutions ».

Le vendredi 19 juin 2020, la délégation de la CEDEAO a poursuivi les rencontres entamées la veille en recevant le Cadre de médiation nationale, le réseau des femmes parlementaires, les ambassadeurs de l’UE, La France et les USA à Bamako et la convergence des Forces Républicaines.

Cette démarche s'inscrit dans les efforts menés de toutes parts pour résoudre une situation qui suscite l'inquiétude tant le Mali, confronté à des défis sécuritaires, économiques et sociaux considérables, peut mal se permettre une escalade politique à l'issue incertaine.

Malgré cette médiation ouest-africaine, le grand rassemblement prévu ce vendredi a été maintenu. Toutefois, « nous avons obtenu des organisateurs l'assurance que le rassemblement se déroule conformément aux dispositifs législatifs et réglementaires en vigueur au Mali, c'est-à-dire bien encadré pour éviter tout débordement » selon le chef de la délégation de la CEDEAO.

Pour rappel, réunis au sein d’une structure dénommée «Mouvement du 5 juin», mené par l’influent imam Mahmoud Dicko, des partis politiques et organisations avaient organisé, le 5 juin courant, une imposante manifestation à Bamako pour réclamer le départ du président Ibrahim Boubacar Keita, réélu pour un deuxième mandat consécutif de cinq ans le 12 août 2018.

Une situation dont l’élément déclencheur a été l’arrêt de la cour constitutionnelle proclamant les résultats définitifs des élections législatives maliennes.

Au terme des rencontres, la mission a rendu publique un communiqué dans lequelle elle a pointé du doigt le rôle qu’a joué l’arrêt de la cour constitutionnelle dans la détérioration du climat politique malien. Elle a également insisté ce qui est une constante au niveau de la CEDEAO, « l’importance du respect des Institutions de la République et notamment des voies constitutionnelles pour l’accession au pouvoir ».

En outre, la mission a invité « le Gouvernement de la République du Mali à reconsidérer les résultats de toutes les circonscriptions ayant fait l’objet de révision par l’Arrêt de la Cour Constitutionnelle ». Ce qui ouvrirait la voie à l’organisation d’élections législatives partielles.

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